domingo, 25 de agosto de 2013

MINI NOUVELLE ROMANTIQUE "COMME L’EAU QUI COURT"

« Le bonheur ne se conquiert pas, ne s’achète pas, ne s’échange pas : on le mérite. » - Henri Godin

COMME L’EAU QUI COURT
Par un après-midi d’Automne, un homme était assis sur le muret d’un petit pont, surplombant une rivière, près d’une route, dans une ville de province. C’était un homme dans la quarantaine, au visage un peu marqué, aux cheveux noirs déjà un peu blanchis sur les tempes, les yeux noirs, la peau blanche, un peu rougie, et qui avait dû être un beau garçon dans sa jeunesse. Il regardait l’eau qui courait, absorbé dans ses pensées… Il était là depuis des heures, et des passants avaient voulu l’aborder, craignant qu’il voulut se jeter du pont… mais le pont n’était pas très haut, et la rivière n’était pas profonde, donc, ils s’étaient avisés de ne rien lui dire, car, après tout, çà ne les concernait pas, qu’il fut là, assis, même si c’était insolite, et personne ne s’était donc approché.  Les gens regardaient, curieusement, d’abord, puis, haussant les épaules, poursuivaient leur chemin.
Cependant, cet homme, qui regardait la rivière, faisait là un examen de conscience. Il se laissait envahir aussi par des souvenirs. Il avait été riche, il était dans la misère, à présent. Pourquoi ?
Il était né dans une famille bourgeoise, de traditions industrielles. Aimant la belle vie, il ne s’était privé d’aucun caprice, tirant, en quelque sorte, son argent et son bonheur par la fenêtre… Il s’était marié, mais, en bon vivant, aimant fréquenter les femmes, il avait eu plusieurs maitresses, et sa femme lui avait récemment demandé le divorce, excédée par son manque de respect envers elle et leurs  enfants… tout l’argent qui lui était resté, après cela, ses derniers biens, tout cela avait  roulé sur le tapis vert, car il était joueur de poker, et rien de plus ne lui restait…
Il se disait, précisément, à ce moment là, qu’il n’était bon à rien de plus qu’à faire des bêtises, qu’il méritait bien son triste sort… Certainement, ni ses enfants voulaient rien savoir  de lui… il ne l’avait pas volée, sa débine… en plus, il était parti de sa ville, fuyant, comme il pouvait, les sbires auxquels il devait des sommes astronomiques, perdues au jeu… il était arrivé quelques heures avant dans cette petite ville, et s’était assis là, sans savoir que faire. Il n’avait pas un sou en poche, et s‘il ne faisait rien, il allait bientôt succomber à la faim. Mais, ne connaissant là personne, il n’osait aborder qui que ce fût… comment les gens réagiraient-ils, s’il osait demander à manger, à boire, ou même un peu d’argent ? Tout le monde parlait de la crise quotidiennement, les gens se plaignaient des problèmes d’argent partout… Et lui, ayant eu les moyens, s’était conduit comme un imbécile ! – Se reprochait-il. Mais il était trop tard pour revenir en arrière ; il avait lui même gâté son sort, donc, à lui de se trouver une solution ! Il se retourna vers la route, enjamba le pont, s’en allât en quête d’un travail, d’une occupation qui puisse lui permettre de gagner sa croûte… son orgueil, et le reste de dignité qu’il avait, l’empêchaient encore de mendier… ceci serait pour lui l’ultime recours…
Passant près d’un restaurant, il vit un papier collé à la vitrine.
On y avait besoin de quelqu’un pour aider dans la cuisine. Il entra, se dirigeât au balcon, demandât à parler avec le patron, ou bien la patronne. L’employé du balcon appela la propriétaire, qui survint en quelques minutes, tout en séchant ses mains à son tablier. Il s’agissait d’une belle femme, aux cheveux blonds cendrés, pas très longs, pris sur la nuque, aux yeux verts, à la peau blanche avec quelques petites taches de rousseur sur le visage, qui lui donnaient un certain attrait de jeunesse.
- Bonsoir, madame !  Je m’excuse de vous déranger ainsi, mais je cherche du travail, et comme je passais devant votre établissement, j’ai vu votre annonce…
-Bonsoir, monsieur ! J’ai en effet besoin d’une ou d’un aide-cuisinier… avez-vous quelque expérience en cette matière ?
-Ma foi, non, j’ai été patron, mais je n’ai jamais travaillé en cuisine… mes parents avaient une entreprise, et j’y ai travaillé dans ma jeunesse… maintenant, je suis sans travail, et je suis aussi nouveau dans le coin…
-En effet ! Je ne vous avais jamais vu par ici ! La vie nous prépare bien des surprises, monsieur ! Nous pouvons essayer de travailler ensemble, si toutefois vous voulez… tout à l’heure, on m’avait dit qu’il y avait un inconnu assis sur le pont… était-ce vous ?
-Oui, c’était moi. Je m’étais assis là pour me reposer un bout, et pour réfléchir… je ne savais que faire, ni où aller… il fallait bien que je m’arrête… et j’y suis resté des heures !
-On me l’a raconté tout à l’heure ! Asseyez-vous donc, je vous apporte quelque chose de chaud à mangez, car j’imagine que vous devez avoir faim !
-Oh, merci beaucoup, madame ! Je vous suis très reconnaissant de m’aider ! J’accepte de travailler, mais je n’ai pas où me loger, est-ce que vous pourriez m’indiquer où le faire ?… Si vous me gardez ici, comme employé, et si vous pouvez me payer de quoi me loger, je pourrai ainsi avoir un petit coin pour dormir aussi !
-On va arranger çà ! Soyez donc le bienvenu… quel est votre nom ?
-Oh, mon Dieu ! Je ne me suis même pas présenté ! Veuillez m’excuser, madame ! Je m’appelle Gérard Ascalon…
-Gérard Ascalon ? Mais, monsieur, seriez-vous le fils du grand industriel Patrick Ascalon, des Industries Ascalon-Terry ?
-Eh, oui, c’est mon père ! Vous le connaissez donc ?
- J’en ai juste entendu parler, car il est fameux, votre père, et vos industries aussi ! Quelle coïncidence ! Moi, je suis Fabienne Lescamps. Propriétaire de ce bistrot, que j’ai monté moi-même, il y a quelques années.
Fabienne Lescamps était, elle aussi, une personne dans la quarantaine, encore belle, à son âge, se dit Gérard… et très sympathique… Il se promit de s’efforcer, pour lui plaire, avec son travail… il se disait qu’il avait eu de la chance, une dernière chance, et qu’il lui fallait ne pas la perdre… Il redevenait un homme digne, se rachetant de ses erreurs passées, en recommençant sa vie, et repartant à zéro… Et Fabienne lui plaisait énormément… qui sait, peut-être pourrait-il être finalement heureux, faisant peau neuve, si ceux auxquels il devait tant d’argent ne le découvraient pas… Car s’ils l’avaient suivi, s’ils étaient sur ses traces, il pourrait dire adieu à sa tranquilité, à son intégrité physique…
Ainsi se passèrent quelques mois, presque heureux, durant lesquels, par la force des bonnes habitudes de travail, des horaires disciplinés, équilibrés entre le travail, la bonne et saine nourriture, le sommeil aux heures normales, il se sentit revivre… Entre temps, il s’était lié d’amitié avec le cuisinier, le barman, et Fabienne, sa patronne, avec laquelle Il avait vidé son cœur, et qui se révélait être une bonne amie, une femme de grande intelligence et sagesse, qui savait donner son opinion, avec de bons conseils, et n’aimait juger personne. Elle le conseilla de mettre de l’argent de coté, au cas où ses sbires le découvraient, pour pouvoir payer ses dettes, honorer son nom et sa parole… si, par chance, on ne le découvrait pas, il pourrait avoir un fond de réserve… ces conseils s’avéraient précieux, donnés par une amie désintéressée. Il était bien loin de sa ville natale, à l’autre bout du pays, dans une toute petite ville insignifiante, où le bonheur pouvait tenir à l’anonymat… Il avait prié Fabienne de ne rien dire à personne sur ses origines. Sur ce point, il savait qu’il pouvait être tranquille, car elle avait promis de ne rien dire à personne. Et il se rendait compte que Fabienne n’était pas du genre à perdre son temps aux papotages et commérages des gens de la ville. Au contraire, elle était d’un naturel réservé. Les autres, au restaurant, la respectaient beaucoup, l’aimaient bien : elle était, en plus d’une bonne patronne, une amie loyale. Gérard apprenait une très bonne leçon de vie, après avoir été un écervelé, car c’était bien maintenant qu’il se sentait devenir un homme vrai. Et Fabienne aussi, s’en rendait compte, qui lui vouait une admiration discrète, et sentait pour lui, en plus de l’amitié sincère, une certaine attraction physique... La vie pouvait encore être belle pour eux.

FIN


Sem comentários:

Enviar um comentário